Le pouvoir libérateur de la parole

17 mars 2023

En psychanalyse, le langage et la parole sont deux concepts distincts. Le langage est considéré comme un système universel de signes et de symboles qui permettent de communiquer des idées, des sentiments et des concepts abstraits.  La parole, quant à elle, est considérée comme un acte individuel et unique de production de langage. Elle est le résultat d’un processus qui implique la mobilisation de la pensée, de la mémoire, de l’affect et de la motricité. Elle est donc plus personnelle et intime que le langage, car elle exprime l’ensemble des représentations mentales et psychiques du monde intérieur du sujet ainsi que de celui qui l’entoure.

En psychanalyse, la parole est considérée comme un outil thérapeutique puissant, car elle permet au sujet d’exprimer librement ses pensées et ses sentiments, même les plus intimes et les plus profonds. L’analyste écoute attentivement et encourage le patient à explorer ses émotions et ses souvenirs, ce qui peut aider à clarifier les conflits intérieurs par le biais de la libre association. Pour la psychanalyse, la parole est la cure elle-même. 

Cependant, la libération de la parole peut être difficile pour certains patients, car elle peut impliquer de parler de sujets douloureux ou embarrassants. Le psychanalyste doit donc créer un environnement sûr et bienveillant, une alliance thérapeutique basée sur la confiance et un cadre analytique suffisamment sécurisant et contenant.

Le psychanalyste doit être à l’écoute de la parole du patient mais aussi de ses silences. Les silences en psychanalyse sont des moments clés de la relation thérapeutique. Ils peuvent révéler des aspects importants de la psyché du patient et permettre de poursuivre le travail psychanalytique de manière plus approfondie. Il est important de noter que les silences en psychanalyse ne sont pas nécessairement négatifs ou problématiques. Ils peuvent être des moments de réflexion, d’introspection ou de prise de conscience. 

Dans la cure analytique, le sujet raconte ce qu’il sait mais surtout ce qu’il ne sait pas. Le travail analytique  contribue  ainsi, par la libération de la parole, à un réaménagement de sa vie psychique inconsciente. Il est nécessaire de prendre conscience des tenants et aboutissants de ses propres comportements et émotions et de les accepter sans jugement. Cela implique de développer une capacité d’observance et d’écoute objective de soi. Le sujet, assumant ainsi ses désirs et modifiant les rapports à sa vie psychique intérieure et au monde,  parvient à libérer ses capacités à penser, agir et créer.

Quant au désir de l’analyste, qui n’est ni celui du médecin qui veut guérir ni celui du religieux qui veut sauver mais un désir vidé de suggestion, de sacralisation morale, religieuse ou culturelle, le désir d’entendre et de faire entendre son propre désir à l’analysant afin de passer d’un “Moi” douloureux et indolent à un “Je” responsable et désirant.